Analyse d’image par l'IA : du factuel au hors-champ

Sud de la France, 1983. Kodachrome 64

Cette photographie fut réalisée lors de mon premier voyage en Europe, en 1983. J’avais sans doute été attiré par le côté pittoresque de ce mur et de ces affiches déjà anciennes. La magie du Kodachrome, allié à la précision d’un objectif Nikkor, permet d’obtenir un généreux niveau de détail, invitant à l’analyse détaillée, voir exhaustive de ce qui est représenté dans ce petit rectangle.

C’est ce qui m’a incité à utiliser l’intelligence artificielle pour obtenir une liste exhaustive des choses présentes dans l’image.

J’ai fourni l’image à ChatGTP 4o, avec la requête suivante : “Tu es un expert en description d'image. Analyse cette photographie et décrit tout ce quelle contient de manière exhaustive”.

Voici le premier résultat :

Merci pour la photo ! Voici une description exhaustive de l’image :

Vue générale :

La scène montre une façade urbaine, probablement dans une petite ville ou un village en France, avec une esthétique rustique et vintage. Les murs sont jaunes à texture granuleuse, les portes en bois et les volets en bois peint témoignent d’une certaine usure, renforçant le charme ancien du lieu.

Murs : Enduit jaune ocre avec une texture rugueuse.

Fenêtres :

-Une grande fenêtre à gauche avec des volets en bois peints en blanc, partiellement fermés. Derrière les vitres, on voit un rideau jaune tiré au centre.

-Une deuxième fenêtre à droite, plus petite, également avec des volets partiellement ouverts et un pot de fleur bleu turquoise sur le rebord.

Portes :

-À gauche, une petite porte en bois grise, avec une figure de pingouin [ce n’est pas un pingouin, mais plutôt un petit ours bleu] peint ou sculpté dessus (probablement décoratif ou pour enfants), entourée d’autocollants et d’affiches usées.

-À droite, une porte en bois marron foncé, massive, avec un motif géométrique circulaire sculpté dans le panneau du bas.

-Un balcon est visible en haut à gauche, avec une rambarde en fer forgé et des plantes en pot.

Affiches et enseignes vintage :

On voit plusieurs enseignes publicitaires anciennes fixées au mur droit, rappelant les années 50-70 :

Castrol : Marque d'huile moteur.

Pile Wonder : Piles électriques ("En vente ici").

Huiles Labo : Huiles industrielles ou automobiles.

Spécial Sport : Marque difficile à lire, intégrée dans un cercle.

Pellicules Kodaks : Pour la photographie argentique.

À gauche de l’image, sur un tuyau de descente d’eau, une autre enseigne :

  • Butagaz : Fournisseur de gaz, reconnaissable par sa flamme bleue et rouge.

Objets au sol :

-Pots de fleurs à droite, remplis de fleurs jaunes et orangées, apportant de la vie et de la couleur.

-Boîtes et bidons sous la marquise bleue, certains identifiés comme des produits mécaniques ou d’entretien (huile, peinture…).

-Un seau rouge à gauche des marches.

-Deux verres bleus posés sur la petite tablette à gauche.

-Tuyauterie apparente et câble électrique courant le long du mur.

Autres détails :

-Une plante grimpante verte part de la gouttière et s’étale horizontalement vers les fenêtres.

Ambiance générale :

Cette image dégage une atmosphère de nostalgie. Le mélange de vintage, de fleurs colorées, de publicités anciennes et de textures authentiques crée un charme pittoresque. Cela évoque une époque révolue, figée dans le temps, avec un fort caractère visuel.

ChatGPT me fait ensuite une proposition :

Souhaites-tu que je transforme cette description en texte littéraire ou poétique ?

Je réponds : “Oui, en texte littéraire. Inspire-toi de Georges Perec“. Voici le résultat, avec quelques annotations de ma part. J’ai aussi souligné certaines choses paticullièrement intéressantes :

Parfait. Voici une transposition littéraire inspirée du style de Georges Perec, avec attention portée au détail, à l’accumulation et à l’ordinaire rendu extraordinaire :

Il y a, dans cette rue que l’on ne nomme pas, un pan de mur jaune, patiné de lumière et d’usure, qui semble avoir tout vu, tout entendu, tout gardé. Le jaune n’est pas uni : il vibre, il gratte, il accroche la lumière comme une laine rêche. Il est taché, piqué, troué par endroits. Il abrite, sans rien dire, un assemblage hétéroclite d’objets, de signes, de portes, de gestes fossilisés [étrange formule].

Deux fenêtres l’éventrent à hauteur d’étage, deux bouches vitrées aux volets pâlis. L’une a gardé son secret derrière un rideau jaune safran, l’autre entrouvre ses battants pour laisser respirer un pot de fleurs. Les fenêtres ne disent rien, mais elles regardent. Entre elles, un fil court, nerveux, tendu, comme une veine.

Au rez-de-chaussée, deux portes.

L’une, grise, fatiguée, s’incline légèrement sur ses gonds. Quelqu’un – on ne saura jamais qui – y a fixé un pingouin bleu [Ce n’est pas un pingouin], sourire figé, ventre blanc, bras écartés comme un totem bonhomme. Autour de lui, des morceaux d’affiches, déchirées, collées, recollées, vantant des marques oubliées – Jet Gazoil, peut-être.

L’autre, massive, de bois sombre, ferme, sérieuse, ornementée d’un cercle sculpté, presque rituel. Elle a dû être importante. Elle l’est encore, un peu.

Entre les deux, une marquise bleue, suspendue comme un cil fatigué, s’ouvre sur le vide. Dessous, un seau rouge, une boîte d’huile Castrol, un bidon sans nom. Tout est posé là comme s’il devait être utilisé demain, mais que demain ne venait jamais.

Et partout, les signes. Castrol. Pile Wonder. Huiles Labo. Kodaks. Spécial Sport. Butagaz. Des noms accrochés au mur comme des souvenirs de réclames, vestiges d’un monde où les murs parlaient fort. Chaque plaque dit une époque, chaque typo une décennie. Elles sont vissées là, bruyantes, colorées, prêtes à vanter, à convaincre, même si plus personne ne les regarde.

Un petit balcon de fer forgé, rouillé, suspend un pot, un reste de plante sèche. Une vigne, tenace, grimpe le long de la gouttière, puis rampe à l’horizontale, comme si elle voulait fuir la verticalité.

Il y a une table minuscule vissée dans le mur. Deux verres bleus y sont posés [est-ce vraiment des verres ?]. Personne n’y boit. Ce sont des objets en attente, des scènes en veille, des gestes suspendus.

Et tout autour, le silence d’un après-midi chaud, un silence vibrant d’abeilles, de souvenirs, de peinture écaillée.

Ensuite ChatGTP me propose ceci :

Souhaites-tu une suite, dans le même ton ? Ou une version avec une voix plus personnelle, plus intérieure ?

Je demande une suite, pour voir si ChatGPT va commencer a sortir encore plus de la description factuelle.

Voici le résultat :

Avec plaisir. Voici la suite, toujours dans l’esprit de Georges Perec, toujours dans cette minutie du réel qui s’accumule, qui s’infiltre, qui fait monde :

Le trottoir n’est pas tout à fait droit. Il oscille. Il hésite. Il monte un peu, redescend sans raison. Des marches maladroites le découpent en niveaux irréguliers. On dirait une maquette inachevée, ou une pensée distraite [Qu’est-ce qui manquerait à cette maquette ?]. Là, un seau rouge, cabossé, attend quelque chose – l’eau ? une main ? l’oubli ? Près de lui, deux boîtes de conserve, une canette de bière vide [Je ne la vois pas], un bidon d’huile – tout est là, tout est resté là, comme si la rue elle-même avait figé ses mouvements.

Le jardin, ou plutôt le rebord, ou plutôt cette avancée de béton grignotée par les fleurs, déborde de couleurs timides. Du jaune, du orange, un peu de rouge, comme des cris étouffés. Les fleurs ne sont pas plantées, elles sont posées. On les devine dans des pots ébréchés, dans des boîtes détournées, dans une bassine peut-être. Rien n’est fait pour durer. Et pourtant, tout dure.

Le mur, lui, continue de parler. Chaque enseigne, chaque plaque métallique rivée au crépi jauni semble jouer une note différente. Elles ne chantent pas ensemble, mais forment une dissonance familière. Kodaks, en jaune gras sur fond rouge. Juste à côté, un cercle où s’inscrit “Spécial Sport”, comme une balle arrêtée en plein vol [effectivement, elle en donne l’impression]. En dessous, une plaque dit “Huiles Labo”, comme une injonction technique, sévère. Et puis il y a ce “Pile Wonder”, cerclé, centré, presque autoritaire, comme un ordre donné au passant distrait : “Achetez-moi. Croyez en moi.” Mais personne ne passe.

Peut-être qu’il ne s’agit pas d’une maison. Peut-être que c’était une boutique, ou un petit atelier. Quelque chose entre les deux, quelque chose qui vendait sans vraiment vendre, qui vivait sans vraiment ouvrir. Un lieu où l'on entrait sans frapper, ou qu’on regardait sans jamais oser entrer. [ici l’IA se pose des questions. La question, c’est son mode d’interaction habituel]

Et puis il y a cette lumière. Ce soleil qui glisse sur le mur comme un linge [Je ne crois pas que le ciel était ensoleillé, il n’y a pas d’ombre ], qui fait vibrer les textures, qui souligne les fissures, les oublis, les échos d’un passé sans gloire mais sans honte. Une lumière qui semble tout savoir mais ne dit rien.

ChatGPT me propose ensuite ceci :

Souhaites-tu que cette série se prolonge encore, peut-être en décrivant ce qu’on ne voit pas directement : l’intérieur, les sons, les vies imaginées derrière ces murs ?

J’y vois un appel à imaginer un hors-champ, ce que je trouve très créatif. Je réponds “Oui, décrit le hors-champ“ :

Très bien. Voici maintenant le hors-champ, l’imaginaire de ce qui se cache derrière les murs [Je suis surpris par cette idée d’un hors champ sur la profondeur, plutôt que la bordure. Mais c’est assez fidèle à Perec. Ses descriptions méthodiques ne sortent pas de la limite qu’il s’impose. Par contre, dans La vie mode d’emploie, on voit un peu derrière les murs.], ce qu’on ne voit pas mais que tout laisse deviner — toujours dans la lignée de Georges Perec, entre détail prosaïque et fiction discrète :

Derrière la porte de bois foncé, celle avec le cercle sculpté, il y a une pièce. Pas très grande. Elle sent le bois ancien, l’huile de lin, la poussière rangée. Une table en formica gris au centre, légèrement bancale, entourée de deux chaises dépareillées. Sur la table, un cendrier jaune moutarde, un jeu de cartes incomplet, un verre retourné. Le plafond est bas. Une ampoule nue pend, éteinte, comme un œil clos.

Un buffet, en contreplaqué clair, garde dans ses tiroirs des serviettes pliées, des manuels d’utilisation [Une référence au Mode d’emploi du titre de Perec ?], peut-être un passeport expiré. À côté, une radio posée sur une pile de magazines Télé 7 Jours des années 80. Elle grésille parfois. Par habitude, quelqu’un la rallume le matin, pour écouter sans écouter.

Dans le coin, une plante verte, aux feuilles trop grandes pour son pot. Elle vit là depuis longtemps. Personne ne s’en souvient. Elle est devenue meuble, presque idée.

Parfois, un homme descend l’escalier grinçant. Il porte un gilet sans manches, des pantoufles molles. Il fait couler un café dans une cafetière émaillée, verse une goutte de lait, ne sucre jamais. Il s’assoit, sans bruit. Il regarde la porte sans la franchir. Il attend sans attendre.

Derrière la petite porte grise, celle du pingouin [Ce n’est pas un pingouin], il y a un débarras. Une pièce aveugle, saturée d’objets sans hiérarchie. Des pneus. Un landau ancien. Une radio portative. Des bocaux de vis, de clous, de morceaux. Un panneau "Ouvert" qui ne l’est plus depuis longtemps [étrange formule]. Des sacs plastiques suspendus à des clous rouillés, gonflés de rien.

Il y a aussi une odeur d’essence sèche, de métal tiède. Et peut-être, dans le silence, le bruissement d’un souvenir : un enfant qui riait ici, un tournevis qu’on reposait, un sifflement d’oiseau par la lucarne qui n’ouvre plus.

Au-dessus, derrière les volets entrouverts, il y a la vie de quelqu’un. Peut-être une femme, peut-être seule. Un rideau qui bouge quand il y a du vent. Une télévision allumée sans spectateur. Un chat qui dort dans une corbeille posée sur la chaise. Une horloge murale qui retarde de sept minutes. Un calendrier coincé sur mai 1998 [J’ai oublié d’informer ChatGPT que la photo date de 1983.].

Et dehors, toujours, ce mur jaune, ce théâtre silencieux, ce décor immobile d’où l’on ne sort pas, mais où tout entre : le soleil, la poussière, la mémoire.

Puis l’IA me propose ceci : “Souhaites-tu que je continue, peut-être avec un zoom sur un personnage qui habiterait ce lieu ?“. ChatGPT veut toujours aller plus loin, il est très créatif. Mais je veux aller dans une autre direction. Je lui demande ceci “crée une image. Montre moi le débarras derrière la porte grise.”. Bien que déçu par la qualité esthétique du résultat, je suis étonné du résultat :

Produit par ChatGPT, avril 2025

Le voici donc, ce hors-champ. L’invisible imaginé derrière une porte.

Dans cette expérience, j’ai souhaité utiliser l’IA comme révélateur potentiel de ce qu’une image peut contenir, non seulement dans sa représentation, mais aussi dans son pouvoir d’évocation.

Le texte “à la Perec” ressemble parfois trop à une recette ou à un artifice, mais avoir préciser cette nuance dans la requête permet de réduire un peu, ou de diriger, les champs des possibles, souvent beaucoup trop vaste lorsque l’on utilise l’IA.

Je vais continuer les expériences en créant un GPT spécifique à l’analyse d’images photographiques et à l’“entraîner” avec des images et des textes.

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Sérendipité photographique

Guido Guidi, Palazzo Abatellis, 1997

Guido Guidi, Palazzo Abatellis, 1997

Je (re)découvre cette photographie du photographe italien Guido Guidi, prise à Palerme en 1997. Elle représente une sculpture en marbre (hauteur 50 cm), réalisée par l'artiste italien Francesco Laurana vers 1468, aujourd’hui conservée au Palazzo Abatellis de Palerme. Cette image fait partie de la rétrospective Guido Guidi intitulée Col tempo, 1956-2024 présentée au MAXXI Museo nazionale delle arti del XXI secolo à Rome du 13 décembre 2024 au 27 avril 2025. Elle illustre un article consacré à cette exposition, publiée sur le site 1000 Words.

J’ai été surpris de reconnaître la sculpture que j’avais photographiée à Palerme en mai 2024, soit vingt-sept ans plus tard, dans le même lieu. L’angle de vue est légèrement différent mais surtout, il y a cette personne, à droite, devant la sculpture et un peu sous son regard.

Alain Depocas, Palazzo Abatellis, Palerme, 2024

Ce qui m’a d’abord interpellé dans l’image de Guido Guidi, c’est la couleur verte du mur du fond. C’est cette teinte qui a réveillé le souvenir : j’avais déjà vu cette sculpture et ce lieu, quelque part.

Cette découverte fortuite, cette expérience de sérendipité, bien que sans enjeu majeur, révèle quelque chose du mécanisme de la mémoire visuelle et de son influence, souvent inconsciente, dans la décision de photographier telles ou telles sujets.

L’une des raisons de ma visite au Palazzo Abatellis était liée au film Palermo shooting de Wim Wenders, dans lequel le tableau monumental Le Triomphe de la Mort (artiste inconnu, XVe siècle, collection du Palazzo Abatellis) joue un rôle important. Dans le film, le personnage principal, un photographe, est attiré par une restauratrice du Palazzo Abatellis qui travaille précisément sur cette oeuvre. C’est un autre photographe, rencontré par hasard quelques heures plus tôt au Jardin botanique de Palerme, qui m’avait parlé de ce musée, de ce tableau, et de ce film.

Le Triomphe de la Mort, artiste inconnu, 15e siècle, collection du Palazzo Abatellis

Scène du film Palermo Shooting, de Wim Wenders. La restauratrice, devant Le Triomphe de la Mort.

Curieusement, je n’ai pas photographié Le Triomphe de la Mort. En revanche, j’ai capté des scènes de restauration, des fragments de ruines.

J’ai par contre photographié des scènes de restaurations et des fragments :

Photo : Alain Depocas, Palazzo Abatellis, Palerme, mai 2024

Photo : Alain Depocas, Palazzo Abatellis, Palerme, mai 2024

Photo : Alain Depocas, Palazzo Abatellis, Palerme, mai 2024

Et puisque l’on parle de rencontre et de photographes, Letizia Battaglia, célèbre photographe de la mafia de Palerme, apparaît elle aussi dans Palermo Shooting. Elle y échange avec le personnage principal. C’est un bel hommage de Wenders à cette photographe, à qui fait bien entendu beaucoup pensé le titre du film, où le terme shooting fait autant référence au tir qu’à la captation photographique.

Cette série de hasards – rencontre, cadrage, couleur, coïncidence – illustre bien ce que peut être la sérendipité. Chaque image devient alors un point potentiel de contact entre passé et présent, entre œuvres, souvenirs, personnes et concepts.

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Site web de l’exposition de Guido Guidi au MAXXI : https://www.maxxi.art/events/guido-guidi-col-tempo-1956-2024/

Page Wikipédia à propos du film Palermo shooting (Rendez-vous à Palerme): :https://fr.wikipedia.org/wiki/Rendez-vous_%C3%A0_Palerme

Page Wikipédia à propos de Letizia Battaglia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Letizia_Battaglia

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Paysage, Documentaire, Livre, Dans ma bibliothèque Alain Depocas Paysage, Documentaire, Livre, Dans ma bibliothèque Alain Depocas

Route de la belle Etoile, de Daniel Stephen Homer

Photo : Daniel Stephen Homer

Dans la série Les Livres de ma bibliothèque

Le livre Route de la Belle Etoile, du photographe britannique Daniel Stephen Homer, publié chez GOST Books en 2024, propose un corpus photographique portant sur l’univers des astronomes amateurs. Pour produire ces images, le photographe a parcouru quatre continents, sur une période de cinq ans, et a suivi les activités majoritairement nocturnes d’amateurs solitaires et de groupes d’astronomes.

Les images sont en noir et blanc, profondes, souvent très sombres, parfois presque abstraites. On y ressent la patience de l’observation. Les photographies dévoilent des lieux, des équipements et leurs protections, en pleine nature, ou encore des observateurs du ciel devant leurs écrans.

Photo : Daniel Stephen Homer

Photo : Daniel Stephen Homer

Homer a photographié des astronomes amateurs, leurs observatoires et leurs appareils, en Australie, en Belgique, au Canada, en Finlande, en France, en Allemagne, en Inde et au Royaume-Uni. Les installations et les équipements sont de niveaux divers, mais reflètent invariablement la passion de leurs utilisateurs. Le monde de l’astronomie amateur est très structuré et ses membres sont interconnectés et participent souvent à des recherches collectives.

Photo : Daniel Stephen Homer

Photo : Daniel Stephen Homer

Le titre du livre, Route de la Belle Etoile, fait penser au voyage, à la nuit, à l’orientation nocturne, mais sa source est plus triviale. Il s’agit du nom d’un petit chemin menant à la maison de l’un des astronomes amateurs rencontrés par le photographe, en Isère.

Le livre se compose de 51 photographies, d’une liste des images avec une brève description de chacune, ainsi que d’un petit journal de bord qui donne quelques informations sur les observatoires et groupes d’astronomes photographiés. 

Photo : Daniel Stephen Homer

En complément, le livre se termine par une surprenante section composée de 14 reproductions de photographies astronomiques sur plaques de verre, datant de 1887 à 1934. Ces images sont extraites de la Henry Draper Memorial collection, intégrée au Harvard College Observatory.

Ces plaques photographiques ont été annotées, mesurées et cataloguées par un groupe de femmes que l’on nommaient « astronomical computers ».

Henry Draper Memorial collection

Les “Computers”. Henry Draper Memorial collection

Henry Draper Memorial collection

Ce rapprochement entre une série de photographies contemporaines, et les résultats d’observations datant de plus d’un siècle, est intrigant. Le livre ne propose aucune explication à cet égard. Seul un très court texte à propos de ce fonds d’archive et du travail de l’équipe des « computers », ainsi qu’une liste des plaques avec les années de prise de vue et leurs coordonnées. Peut-être que l’une des raisons possibles de la présence de ces anciennes plaques sur verre se trouve dans les liens très forts qui se sont tissés entre l’astronomie et la photographie dès la naissance de cette dernière.

Un autre livre de photographie récemment publié porte également sur l’observation des étoiles et les astronomes amateurs. Il s’agit du livre de la photographe belge Bieke Depoorte intitulé Blinked myself awake, publié par Hannibal & This Book Is True en 2024.

Je n’ai pas eu la chance d’acquérir ce livre pour l’instant, mais ses images noir et blanc et la thématique du livre semblent assez proches de celui de Daniel Stephen Homer.

Photo : Bieke Depoorter

LIENS :

Site de l’éditeur : https://gostbooks.com/products/route-de-la-belle-etoile-route-of-the-beautiful-star

Site du photographe : https://www.danielstephenhomer.com/

Site de la collection de plaques de verres de photographies astronomique de l’Université de Harvard : https://platestacks.cfa.harvard.edu/

À propos du livre de Bieke Depoorte, Blinked myself awake : https://www.tipi-bookshop.be/products/blinked-myself-awake-by-bieke-depoorter

Je vous invite à me contacter pour partager vos commentaires et des suggestions de liens complémentaires.

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Au fil de l’eau. Yohanne Lamoulère : Les enfants du fleuve - Les Rencontres de la photographie d’Arles, 2023

Photos : Yohanne Lamoulère

La série Les Enfants du fleuve de la photographe marseillaise Yohanne Lamoulère a été présentée aux Rencontres de la photographie d’Arles en 2023. Les images étaient présentées sur des panneaux extérieurs, disséminés dans le Jardin D’été. Cette série a été produite dans le cadre de la Grande commande photojournalisme de la BNF, intitulée Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire.

Vue de l’exposition à Arles en 2023. Photo : Alain Depocas

La photographe a remonté le Rhône en bateau, sur 812km, depuis la Camargue jusqu’au glacier et, au fil de l’eau, durant quelques mois, elle a réalisé des images argentiques des paysages et des gens rencontrés. La genèse du projet n’est pas banale. Après avoir passé une année entière, durant la pandémie, sur une île sauvage située dans le delta du Rhône, où elle a réalisé des portraits d’enfants et de jeunes adultes, elle a eu envie de remonter le fleuve. Pour ce faire, la photographe a construit une embarcation à partir de matériaux de récupération : Anita, c’est le nom du bateau, naît de la rencontre inattendue d’une péniche abandonnée et d’une vieille caravane.

Photos : Yohanne Lamoulère

En observant ces photographies, on ressent bien que la photographe s’est imprégnée de l’environnement et des gens qui borde et vivent à proximité des rives du Rhône. Il faut du temps, de la patience et de l’implication pour arriver à saisir ce niveau d’authenticité. Les Enfants du fleuve, c’est une série de portraits réalistes, mais parfois aussi humoristiques et poétiques. C’est également, et beaucoup, le portrait du fleuve lui-même. Fleuve environnement, fleuve territoire, fleuve chemin maritime et fleuve géographique.

La présentation en plein air, au Jardin d’été à Arles, des photographies de la série Les Enfants du fleuve rehaussait son intérêt en imposant un parcours dans cet espace public qui incitait le visiteur à découvrir une à une les images, plutôt que d’en avoir une vue d’ensemble immédiate. Ce dispositif donnait du temps aux images, et aux liens entre elles. La proximité du Rhône n’était pas anodine et donnait un supplément de sens à la présence de cette série dans ce lieu.

Photo : Yohanne Lamoulère

Photos : Yohanne Lamoulère

Des images de cette série sont présentées sur le site Web de la photographe.

Ce texte s’inscrit dans une réflexion sur mon intérêt pour des projets photographiques ayant pour sujet des cours d’eau, sur lequel portent deux autres textes, que je vous invite à découvrir :

Lucas Leffler : Zilverbeek - Silver Creek, The Eriskay Connection, 2019

Les cours d’eau comme thématique de certains livres photographiques

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Livres et ressources à propos de l’impact environnemental de la photographie

Dès ses débuts, la production d’images photographiques impliquait l’utilisation de matières devant être extraites et produites et ces activités ont toujours eu un impact environnemental.

Je vous propose quelques livres et ressources à propos de ces questions :

Boaz Levin, Esther Ruelfs et Tulga Beyerle : Mining Photography: The Ecological Footprint of Image Production, Spector Books, 2022

Ce livre accompagnait l’exposition éponyme présentée au Museum für Kunst und Gewerbe (MK&G) à Hambourg en 2022. Il s’agit d’un ouvrage fascinant et très ambitieux qui retrace les liens entre la photographie et son empreinte écologique depuis son invention jusqu’à l’ère numérique. Le livre propose des essais théoriques, des œuvres photographiques récentes et anciennes et des documents d’archives. Ses contenus sont regroupés dans cinq sections, qui portent sur le cuivre et le daguerréotype, le charbon et le bitume, le papier, le coton, la gélatine et la cellulose, l’argent et enfin, les terres rares et l’énergie électrique.

Les liens entre les débuts de la photographie et ceux de l’ère de l’énergie fossile sont plus évidents que ce qui est permis de croire. En effet, comme le font remarquer Boaz Levin et Esther Ruelfs dans l’essai intitulé Photography and Climate Change: The Engine of Reflection, and Its Footprints”, c’est le même Nicéphore Niépce qui a eu l’idée de produire les premières images photographiques en utilisant du bitume de Judée, pour sa propriété photosensible, et qui, avec son frère Claude, a inventé le premier moteur à combustion interne, le Pyréolophore, fonctionnant, lui aussi, avec du bitume, mais ici comme comme carburant.

Ce livre/catalogue est constitué d’essais sur les liens de la photographie avec l’extraction minière et l’empreinte écologique de la production d’images photographiques comme, par exemple un texte de Siobhan Angus intitulé The Eastman Kodak Silver Vault ou encore Extractive Operations: Copper and the Photographic Image, de Brett Neilson.

L’autre volet du livre est de nature iconographique, et propose des photographies de l’industrie minière, et d’autres qui sont plutôt des productions artistiques. Les images sont parfois très anciennes et d’autres plus contemporaines. S’y croisent des daguerréotypes datant du milieu du XIXe sicle ayant pour sujet des mines à ciel ouvert, des photographies du minerai ramené du Mexique par Alexander von Humboldt et conservé dans un musée de Berlin, ou encore une photo de l’œuvre de Land Art de Robert Smithson intitulée Asphalt Rundown, qui fait le lien avec le bitume utilisé dans les premiers temps de la photographie comme matière photosensible. 

Robert Smithson


Siobhan Angus, Camera Geologica, An Elemental History of Photography, Duke University Press, 2024

Cet ouvrage reprend la structure thématique du précédent, avec une approche plus théorique, qui analyse l’histoire de photographie à travers sa dépendance pour les minerais variés qui lui furent vitaux, telle que le platine, le bitume et l’argent, et plus tard le plutonium et les terres rares. Le livre porte aussi sur l’histoire croisée de la photographie et de l’extraction minière à grande échelle.

Transbordeur Photographie, numéro 8 (2024) : Les histoires écologique de la photographie.

Ce numéro du périodique suisse Transbordeur photographie est consacré aux liens entre la photographie et l’écologie et explore diverses manières de réfléchir à l’articulation entre la photographie et l’écologie depuis le XIXe siècle. Tout comme les deux livres précédents, ce numéro aborde la physicalité de la photographie et ses recours à des substances et à des matières prélevées dans l’environnement, avec entre autres des articles ayant pour titres “Du Cibachrome relativement toxique. Eaux usées de la photographie et production d’images en couleurs“ ; “Verre et poussière. L’hygiène photographique à l’ère industrielle” et “Compositions chimiques. La. photographie et le commerce mondial des produits chimiques au tournant du XXe siècle“. Le numéro contient également des articles portant sur l’usage de la photographie comme mode de documentation de la nature, de l’environnement : Photographier le climat. Les images des ingénieurs des Eaux et Forêts (1878‑1914) : contribution à une histoire visuelle de l’environnement“ et “Quadrats photographiques. Savoir visuel et méthodologie aux prémices de l’écologie scientifique”.

Un des intérêts de numéro de Transbordeur photographie est d’à la fois démontrer les impacts écologies de la photographie et le rôle de celle-ci pour en quelque sorte la mesurer en documentant la nature et l’environnement.

Je n’ai pas encore lu ces deux livres ni ce périodique, qui patientent sagement dans ma bibliothèque et sur Internet, mais j'en ferai des comptes-rendus plus détaillés quand ça sera fait.

This Is Not A Solution, London Alternative Photography Collective, XYZ Books, sous la direction d’Hannah Fletcher, 2019

This Is (Still) Not A Solution, London Alternative Photography Collective, sous la direction d’Hannah Fletcher, 2020

Ces deux petits ouvrages émanent des travaux du London Alternative Photography Collective qui fait la promotion de techniques photographiques analogiques respectueuses de l’environnement.

Ces livres sont des guides techniques, mais contienne également des exemples d’images produites avec des méthodes respectueuses de l’environnement. Une approche théorique venant lier le tout.

Pour terminer, je signale la thèse universitaire de Edward Maughan-Carr, produite en 2019 et qui est disponible en ligne et s’intitule The Ecology of Grain: An Ecological Analysis of Gelatin in Photographic Film.

Dans ce texte, l’auteur remet en question d’un point de vue éthique et écologique l’exploitation animale nécessaire pour produire la gélatine qui fut essentielle comme liant des matières photosensibles dans les pellicules photographiques. 

En pour vraiment terminer, voici une initiative qui intègre deux de mes principaux intérêts, soit le livre de photographie et le respect de l’environnement : le Sustainable Photobook Publishing (SPP) network, un groupe de photographes, éditeurs, universitaires et écrivains qui échangent et partagent leurs connaissances sur les approches écologiquement responsables de l'édition de livres photo imprimés.

Le site de l’organisme contient de nombreuses références, une liste de ressources et des études de cas.

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Dans ma bibliothèque, Livre, Paysage Alain Depocas Dans ma bibliothèque, Livre, Paysage Alain Depocas

Les cours d’eau comme thématique de certains livres photographiques

Photo : Mark Ruwedel

Certaines thématiques prégnantes se dégagent et relient divers projets photographiques, influençant les choix d’acquisition de livres photographiques ainsi que l’intérêt pour certaines démarches artistiques.

En ce qui me concerne, je ressens un grand intérêt pour des livres photographiques dont la thématique porte sur des cours d’eau.

En voici quelques exemples présents dans ma bibliothèque :

Mark Ruwedel, Rivers Run Through It, Los Angeles: Landscapes of Four Ecologies, Volume 1, publié par Mack en 2023

Ce livre présente des photographies noir et blanc réalisées entre 2015 et 2023, documentant les rivières du bassin de Los Angeles. On y voit la nature abîmée par l’homme, des traces de présence humaine, quelques animaux. Ruwedel documente méthodiquement cet espace qui reste un rare lieu naturel de la ville tentaculaire.

Photos : Mark Ruwedel

Louis Perreault, Les affluents, Éditions du Renard, 2019 

Dans ce livre, le photographe québécois Louis Perreault photographie les nombreux affluents du ruisseau Gobeil, situé dans les Laurentides. La série d’images est à la fois une documentation de l’environnement entourant ces cours d’eau, et une œuvre très personnelle où se rejoignent la nature et l’humain et dans laquelle se dévoile progressivement un faisceau de relations entre des éléments pourtant distincts, tel le vol d’un oiseau, l’ombre d’une main sur une pierre, le feu et la force du courant d’un ruisseau au printemps. Un curieux index placé à la fin du livre révèle partiellement le sens des images et de leurs relations avec leurs contextes : parfois des gestes, parfois du mouvement, parfois un détail qui détermine une image.

Photos : Louis Perreault

Geoffroy Mathieu : La mauvaise réputation, Zoème, Marseille, 2020

La mauvaise réputation, c’est celle du ruisseau des Aygalades, qui traverse Marseille. Les 17 kilomètres du ruisseau relient Septèmes-les-Vallons, dans la banlieue Nord de Marseille, à la Méditerranée. Il est canalisé, parfois couvert, beaucoup délaissé, et revit progressivement grâce à des associations attachées à le revaloriser.

Geoffroy Mathieu a réalisé son projet et collaborant avec ces associations. Son livre est un portait de ce ruisseau, le long de son lit, avec son environnement parfois naturel, parfois urbain, parfois industriel ou post-industriel. Le photographe nous montre sans jugement à la fois sa beauté, sa destruction, sa pollution. Bien que nettoyé par des équipes de bénévoles, le ruisseau est souvent jonché de déchets à plusieurs endroits. Le photographe explique sa démarche et affirme avoir tenté d’éviter d’esthétisme son sujet :

: « J’hésitais un temps à photographier cette beauté tragique de peur d’esthétiser à outrance le réel, ce dont se méfient à juste titre les processus de représentation documentaire. […] je décidais de considérer le ruisseau comme une entité digne d’égard et d’empathie à qui je devais respect et honnêteté (plutôt que comme un objet ou un phénomène à documenter). Je choisis alors de photographier avec la même attention toutes ses beautés, sans distinction, celles dites propres ou naturelles et celles dites sales, c’est-à-dire en réalité non solubles dans le cycle du vivant. J’ai vu dans cette posture, le moyen d’être fidèle à mes émotions et ainsi peut-être de produire des images susceptibles de participer à la lutte que d’autres, citoyens, ont entreprises pour sa réhabilitation. »

Photos : Geoffroy Mathieu

J’ai déjà parlé du livre de Lucas Leffler Zilverbeek - Silver Creek, publié en 2019 dans un article précédent. C’est ce livre qui m’a poussé à regrouper des ouvrages photographiques portant sur des cours d’eau. Je vous invite à lire, si ce n’est déjà fait, mon article : https://www.alaindepocas.net/carnet/lucas-leffler-zilverbeek-silver-creek-the-eriskay-connection-2019

S’ajoute à cela mon récent texte à propos du projet Les enfants du fleuve de Yohanne Lamoulère.

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Lucas Leffler : Zilverbeek - Silver Creek, The Eriskay Connection, 2019

Dans la série Les Livres de ma bibliothèque

L’intérêt pour la photographie, et en particulier pour les livres photographiques, conduit parfois à une réflexion visant à mieux comprendre les mécanismes qui orientent les préférences envers certains photographes et ouvrages plutôt que d’autres. Certes, une part d’impulsivité ou d’attraction esthétique entre en jeu, mais l’influence de thématiques récurrentes est également perceptible. Ces thématiques agissent comme des fils conducteurs, établissant des correspondances entre différents éléments au sein d’une collection de livres photo.

Pour ma part, j’ai un grand intérêt, en photographie, pour les paysages, la nature, l’environnement, tout comme pour les ruines, les choses disparues ou en voie de l’être, et aussi pour ce qui est parfois invisible dans une image, mais, qui pourtant, fut là.

Et au sein de ces intérêts, il y a entre autres les cours d’eau et ce qui lie la photographie non numérique aux éléments chimiques et minéraux nécessaires à sa production et leurs impacts sur l’environnement.

Le livre de Lucas LefflerZilverbeek - Silver Creek, est précisément au confluent de ces deux sujets.

Lucas Leffler, photographe belge né en 1993, s’intéresse à la disparition progressive de l’industrie argentique, marquée par la fermeture successive de plusieurs sites de production emblématiques, notamment les usines Kodak à Rochester (États-Unis) et à Chalon-sur-Saône (France), ainsi que celles d’Ilford à Manchester (Royaume-Uni) et d’Agfa-Gevaert près d’Anvers (Belgique).

C’est dans cette usine flamande qu’il découvre, au sein des archives de la firme, un article d’un journal local, publié en 1973, faisant état d’un ruisseau, le bien nommé Zilverbeek (le ruisseau d’argent), dans lequel l’usine déversait des résidus industriels qui contenais une certaine quantité d’argent, matière indispensable à la production de films photographiques dont le principal agent photosensible se composait de sels d’argent.

Extrait du livre Zilverbeek, de Lucas Leffler

L’article faisait mention d’un ouvrier de l’usine qui avait découvert, à partir de 1927, la forte teneur en argent des boues du ruisseau. Il mit alors secrètement au point un procédé permettant de récupérer l’argent contenu dans les boues du ruisseau. Après les avoir asséchées, il les transportait vers une usine métallurgique locale afin d’en extraire le métal précieux. Grâce à cette méthode, il parvenait à récupérer environ une demi-tonne d’argent par an, un gain bien supérieur à son salaire à d’usine, qu’il quitta d’ailleurs pour se consacrer entièrement à ce petit commerce.

Extrait du livre Zilverbeek, de Lucas Leffler

Tout cela nous fait comprendre le sens du court texte imprimé au verso du livre : « C’est l’histoire d’un homme qui prend de la boue dans un ruisseau et la transforme en argent »

De nos jours, l’usine a depuis longtemps cessé ses activités et les boues du petit ruisseau ne contienne plus d’argent. 

Leffler prend le parti de considérer le récit de l’ouvrier comme un mythe, révélateur de l’époque de ce que l’on a appelé la période argentique de la photographie, ce qui l’incite à développer une série d’expérimentations à partir des boues du ruisseau, des archives de l’usine, et de photographies prises dans la zone du ruisseau et de l’usine elle-même.

Zilverbeek - Silver Creek, est composé de trois sections. La première montre des photographies d’archives, datant probablement des années 1930-1960, où l’on voit des ouvriers s’affairer à la production, des machines  ainsi que des photos de l’usine elle-même. La deuxième section, composée de deux pages imprimées sur un papier cartonné, contient un court texte relatant l’Histoire des rejets d’argent dans le ruisseau, ainsi que son extraction par l’ouvrier, accompagné de photographies d’archives de l’usine, en négatif. Enfin, la troisième section contient des photographies contemporaines prises par Leffler dans la zone du ruisseau. Celles-ci sont parfois assez métaphoriques, ne dévoilant pas directement leurs sujets, tels que des vues de la végétation autour du petit ruisseau, ou encore un homme debout avec une pelle et un seau, dans le brouillard. On devine qu’il s’agit du photographe, qui s’apprête, à l’instar du pionnier qui l’a précédé, de prélever de la boue au fond du Zilverbeek afin d’y rechercher des traces d’argent. D’autres images montrent un bac de développement photographique enduit de boue et une pelle souillée de cette même matière.

Extrait du livre Zilverbeek, de Lucas Leffler

Photo : Lucas Leffler

Photos : Lucas Leffler

Leffler a ensuite utilisé cette matière pour créer des « empreintes de boue » grâce à une technique de sérigraphie, dont une reproduction a été intégrée sous forme d’affiche dans le livre, à l’endos de laquelle on retrouve le texte de l’article de journal de 1973.

Mais ces boues ne contenaient plus d’argent. Leffler a donc dû ajouter de la matière sensible à la boue pour produire des images :

« Initialement j’altérais mes plans-films pour obtenir des taches et un rendu plus sombre. J’ai ensuite essayé d’ajouter à cette matière organique des couches de nitrate d’argent en gélatine liquide de manière à travailler la boue comme un papier photo et donc la rendre photosensible. J’effectue mes prises de vue en argentique ou en numérique que je transfère ensuite sur un négatif utilisé en chambre noire pour un tirage mudprint. »

Photo : Lucas Leffler

Et c’est ainsi que l’on constate que pour le photographe, ces expériences sont des sortes de tentatives de réinterprétation de ce qui fut au cœur de la production photographique avant le numérique, soit la photosensibilité de matières physique.

Leffler affirme que cette histoire l’a « d’abord intéressé pour la véracité des faits. C’est bien parce que cette histoire fabuleuse a réellement eu lieu que j’en ai fait une recherche. Mais, j’ai tenté de réinterpréter ces faits en les fictionnalisant. En me mettant moi-même en scène près du ruisseau, comme si j’étais l’ouvrier orpailleur (ou argentpailleur)». Leffler cite l’historien et théoricien Michel Poivert, qui affirme que : « Depuis une génération, la photographie connaît un courant sensible à sa rematérialisation alors que la culture numérique s’est imposée ».

Pour Leffler : « Le cœur de Zilverbeek c’est surtout la mythologie industrielle d’une pollution qui a abouti à créer un ruisseau d’argent. Mes photographies permettent de donner corps à ce qui semble une fable, un conte de fées. ».

« Donner corps », rendre visible, même métaphoriquement, un procédé disparu.

Dans ses expérimentations, la boue est autant la substance photosensible, que le « support » à une image, aussi difficile à percevoir soit-elle.

Leffler affirme n’avoir « […] jamais réellement extrait d’argent de cette boue comme il n’y en a plus depuis 50 ans. Par contre, il y a une dimension performative à ce travail, dans le sens où je revisite une histoire passée que je tente de réactiver par le biais de l’enquête et de la mise en scène ».

Ce livre témoigne parfaitement de cette pratique, faite de recherches dans les archives et sur le terrain, et d’expérimentation, et dont le plus grand intérêt est de dévoiler de manière subtile le processus même de la démarche de l’artiste.

Le travail de terrain et les expérimentations de Leffler ont ensuite évolué et une production importante d’œuvres en a résulté. Le livre ne contient qu’une seule des images réalisées avec la boue du Zilverbeek, mais on retrouve de nombreuses reproductions de ce corpus dans un document numérique disponible sur le site de l’artiste.

Extrait du livre Zilverbeek, de Lucas Leffler

Comme je le mentionnais au début de ce texte, je m’intéresse aux livres photographiques portant d’une manière ou d’une autre aux cours d’eau, ainsi qu’a la question de l’impact environnemental de la photographie de puis ses débuts.

Je vous invite à lire mes deux articles à ce propos :

Livres et ressources à propos de l’impact environnemental de la photographie

Les cours d’eau comme thématique de certains livres photographiques

LIENS EXTERNES ET RÉFÉRENCES : 

Site de l’éditeur de Zilverbeek : https://www.eriskayconnection.com/zilverbeek/ 

Vidéo de défilement des pages de Zilverbeek : https://vimeo.com/345891261 

Document visuel des œuvres de Lucas Lefler, sur son site Web : https://drive.google.com/file/d/1ElD5ZwsxJeqjadmgiyV_d8oGNjhLRc6w/view

« Zilverbeek, c'est l'histoire d'un homme qui transforme la boue en argent" : Rencontre avec Lucas Leffler ». : https://phototrend.fr/2021/11/zilverbeek-lucas-leffler-boue-en-argent/ 

L'ouvrier qui transformait la boue en argent dans Zilverbeek (Silver creek) :

https://fisheyemagazine.fr/article/louvrier-qui-transformait-la-boue-en-argent/ 

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Mayumi Suzuki : The Reconstruction Will


Voici ma cinquième publication de la série Pourquoi je me passionne pour la photographie.

J’ai été frappé par l’intensité du travail de la photographe japonaise Mayumi Suzuki qui porte sur le décès de ses parents suite au Tsunami qui a détruit leur ville, Onagawa, le 11 mars 2011. La catastrophe y avait fait près de 900 disparus

La photographe est allée sur place quelques jours après le Tsunami, dans l’espoir de retrouver quelques souvenirs et de réaliser son deuil. Elle cherchait une manière de rendre hommage à ses parents. Elle souhaitait exaucer ce qu’elle appelle un « veux de reconstruction ».

Le résultat est une série d’images et un livre intitulés Reconstruction Will.

Le père de la photographe était également photographe. Dans les décombres de la maison familiale, Mayumi Suzuki retrouve quelques objets : un appareil photo, les restes d’une chambre noire et des albums de photographies, le tout très abimés.

Photo : Mayumi Suzuki

Elle entreprends alors son projet de reconstruction en tentant de restaurer des photographies et de les exposer dans leur nouvel état, qui porte les traces de la catastrophe.

Photo : Mayumi Suzuki

Je m’intéresse beaucoup à la matérialité de la photographie, et à sa fragilité inhérente. Je m'intéresse aussi à la Méta-photographie, la photographie à propos de la photographie, comme on en retrouve dans ce projet

Photo : Mayumi Suzuki

J’ai eu la chance de découvrir le travail de cette photographe aux Rencontres photographiques d’Arles en septembre 2024. Son travail était présenté dans le cadre de l’exposition Répliques – 11/03/11, des photographes japonaises et japonais face au cataclysme.

Photo : Mayumi Suzuki

Ces témoignages de la fragilité de l’épreuve photographique m’ont également rappelé une exposition vue la veille, celle des images de Sophie Calle, présentées aux cryptoportiques, soit les sous-sol et fondation de la ville antique d’Arles. Ce lieu extrêmement humide et bien fourni en moisissures achevait la destruction déjà entamée par un dégât des eaux d’une série de photographies, et plus précisément celle intitulée Les aveugles. La volonté de Sophie Calle était de montrer une dernière fois ces images dont l’intégrité physique était déjà fragilisée par l’eau et l’humidité.

Le site de la photographe japonaise : https://www.mayumisuzuki.jp/therestorationwill

Le site de l’éditeur de son livre : https://www.ceibaeditions.com/store/books/the-restoration-will/

Un texte de l’artiste sur le projet, avec beaucoup d’images : https://www.lensculture.com/articles/mayumi-suzuki-the-restoration-will

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Thin Air, par Cemil Batur Gökçeer


Voici ma quatrième publication de la série Pourquoi je me passionne pour la photographie.

Elle a cette fois-ci pour sujet non pas un livre, mais une exposition, celle du photographe turc, et même Stambouliote (ici je me fais plaisir avec ce cocasse gentilé) Cemil Batur Gökçeer, que j’ai découvert aux Rencontres de la photographie à Arles en septembre dernier.

L’exposition présentait son projet intitulé Thin Air, dans lequel le photographe soumet ses pellicules 35mm à de doubles et parfois triples expositions. Ce processus laisse beaucoup de place à l’aléatoire des combinaisons de motifs, textures, couleurs, lumières et produit des images qui ne se laisse pas déchiffrer facilement, gardant pour elle un certain mystère. 

On retrouve dans ces images des motifs minéraux, aériens, parfois aussi des personnes, beaucoup d’interstices et aussi du feu. le tout, en se combinant, produit de nombreuses possibilités de lecture. Les expérimentations du photographe rapprochent des objets non contigus dans une même image, créant un surplus potentiel de sens.

Photo : Cemil Batur Gökçeer

Comment le photographe décide-t-il des sujets à accumuler dans une même photographie ? Est-il conscient des effets à produire lors des prises de vues ? Je ne le sais pas. Il laisse entendre qu’il maîtrise en partie le processus, en retournant, par exemple, sur la face opposée d’une montagne pour réimprégner une pellicule où s’était déjà inscrite l’autre face, quelques semaines ou mois auparavant.

Photo : Cemil Batur Gökçeer

Quoiqu’il en soit, pour ma part, je suis intrigué par ces images qui m’incitent à tenter de percevoir ce qu’elles contiennent de manière indirecte et ambiguë. N’est-ce pas étrange que l’accumulation de captations soit disant fidèles du « réel » par la photographie produise des images ambivalentes ou indécises ?

Lien vers le site du photographe : https://cemilbaturgokceer.net/Thin-Air

Lien vers la page web de l’exposition à Arles : https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/1556/cemil-batur-gokceer  

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Charbon blanc, du photographe belge Teo Becher


Dans la série Les Livres de ma bibliothèque

Dans son livre Charbon blanc, le photographe belge Teo Becher explore une ancienne vallée industrielle dans les Alpes françaises. Sans parenté avec Bernd et Hilla Becher, Teo Becher partage tout de même avec eux un intérêt pour les sites industriels.

Le livre, dont je me suis procuré un exemplaire à Arles en septembre 2024, a été publié en 2021 par les Éditions le bec en l’air, à Marseille.

Dans ce livre, dont le titre réfère à une expression ancienne pour nommer l’hydroélectricité, Teo Becher témoigne de la réalité à la fois industrielle et montagneuse de la vallée de la Maurienne, dans les Alpes françaises. Cette vallée fut autrefois truffée d’usines de production d’aluminium qui profitaient de la présence de barrages hydroélectriques à proximité.

Photo : Téo Becher

Les photographies de Becher évoquent à la fois ce passé industriel et la nature montagnarde.

Becher travail avec des pellicules argentiques, de grand ou moyen format. Afin d’évoquer à la fois la matérialité photosensible des films , ainsi que les traces laissées par le passé industriel dans les sols de la vallée, Becher a enterré une partie de ses négatifs couleur pour des périodes de quelques mois. À quelques occasions, l’expérience a laissé des marques sur les négatifs, que l’on retrouve sur les images du livre.

Photo : Téo Becher

Ce processus implique une autre manière d’exposer la pellicule à un environnement. Avant son exposition à la lumière, et à l’organisation euclidienne qu’impose l’objectif, la pellicule est soumise aux traces souterraines. Celles-ci restent mystérieuses. Le photographe laisse penser qu’il pourrait entre autres s’agir d’un effet des matières industrielles et potentiellement radioactives, encore présentes dans le sol, mais cela reste hypothétique. Dans un texte qui résume le passé industriel de la Maurienne, Becher évoque plutôt sa démarche comme étant un acte performatif :

“Dans cet acte performatif, je ne cherche pas à imprimer les traces d’une potentielle radioactivité présente dans le terrain, mais j’y fait immanquablement référence, en laissant la parole aux paysage tout en évoquant l’histoire des sciences et l’utilisation du territoire que en découle “

Ces photos “souterraines”, quasi abstraites, sont imprimées sur des pages en partie non massicotées, de manière à les dissimuler, augmentant leur aspect mystérieux.

Teo Becher, Charbon blanc.

Photo : Téo Becher

Le photographe a fait de nombreux séjours dans la vallée de la Maurienne et y a beaucoup marché. Le rapport de la marche avec la photographie est fréquent dans les pratiques photographiques. Il renforce le lien entre l’acte photographique et le sujet. Sujet photographe et sujet photographié. Marché dans un environnement donné c'est aussi s’y exposer

Le portrait de cette vallée que réalise Becher n’est pas que lié à ses antécédents industriels, c’est aussi un témoignage du temps passé par le photographe dans la région. Certaines images sont plus intimes, on devine une petite chambre, un rideau, une lampe. En extérieur, outre les montagnes et anciennes usines, il y a ausi des images moins évidentes, comme des pas dans la neige, ou une chute d’eau en glace. Celle ci évoque d’ailleur la fixation du temps par le processus photographique.

Photo : Téo Becher

Photo : Téo Becher

Lien vers le site web du photographe : https://teobecher.be/

Lien vers le site de l’éditeur : https://www.becair.com/produit/charbon-blanc/

Lien vers une entrevue avec Teo Becher : https://www.fisheyemagazine.fr/rdv/livre/charbon-blanc-teo-becher-lalchimiste-des-alpes/


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Virginia Hanusik : Into the Quiet and the Light: Water, Life, and Land Loss in South Louisiana


Voici ma deuxième publication de la série Pourquoi je me passionne pour la photographie.

Après Mark Ruwedel, je vous propose des images de la photographe américaine Virginia Hanusik qui documente depuis plusieurs années l’estuaire du fleuve Mississippi, au sud de la Louisiane.


On y voit un monde fragilisé par les changements climatiques et la pollution, qui laisse entrevoir des situations encore plus dramatiques dans l’avenir.

Photo : Virginia Hanusik

Virginia Hanusik documente le processus immuable de disparition d’un territoire, et de l’adaptation, bien temporaire, de ses habitants face à la montée des eaux.

Les images que je vous propose sont extraites de sa série "Into the Quiet and the Light: Water, Life, and Land Loss in South Louisiana".

La photographe vient d’ailleurs de publier un livre au même titre, édité par la Columbia Universitity Press : https://cup.columbia.edu/book/into-the-quiet-and-the-light/9781941332825

Lien vers le site Web de la photographe : https://www.virginiahanusik.com/

Lien vers un article intéressant à propos du livre : https://aperture.org/editorial/in-louisiana-a-photographer-charts-storms-and-weather-as-markers-of-time/

Enfin, ces images du Bayou louisianais me remettent en mémoire le magnifique film Beasts of the Southern Wild, réalisé par Benh Zeitlin en 2012. Une fable fantastique se déroulant dans un environnement pour le moins humide : https://en.wikipedia.org/wiki/Beasts_of_the_Southern_Wild

Je vous invite à me faire parvenir vos commentaires ou des suggestions de liens complémentaires.

Photo : Virginia Hanusik

Photo : Virginia Hanusik

Photo : Virginia Hanusik


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Dans ma bibliothèque, Livre, Paysage, Documentaire Alain Depocas Dans ma bibliothèque, Livre, Paysage, Documentaire Alain Depocas

Mark Ruwedel, Steidl, 2015


Photo : Mark Ruwedel

Dans la série Les Livres de ma bibliothèque

Le livre du photographe Mark Ruwedel intitulé Mark Ruwedel, a été publié par Steidl en 2015 à l’occasion de l’obtention du prix Scotiabank Photography Award. L’approche de Ruwedel du paysage, du territoire, me semble exemplaire. Proche de la sensibilité topographique des premiers photographes de l’Ouest américain du XIXe, mais aussi des inventaires formels à la Becher. Ce livre présente un échantillon des principaux grands projets photographiques de Ruwedel, dont The Italian navigator, The ice age, Westward the course of Empire, Uranium Landscapes, Crossing, et Nine bombs craters.

Ruwedel considère le livre photographique comme étant un mode idéal de présentation de ses photographies, en particulier pour l’importance que l’on peut y accorder aux séries d’images et aux rapprochements, formels ou thématiques, que la maquette permet de faire.

La plupart des séries explorent les paysages de l’Ouest américain selon des trajectoires différentes. Il s’agit d’un travail d’enquête, souvent réparti sur de nombreuses années, avec des approches thématiques rigoureuses. The Italian navigator, Nine bombs craters et Uranium Landscapes s’attardent sur les territoires marqués par les expériences atomiques qui s’y sont déroulées. Westward the course of Empire montre les ruines et les paysages transformés par le développement du chemin de fer au XIXe siècle, desquels il ne reste souvent que des vestiges évanescents, dont le sens ne prend forme que dans l’accumulation d’images que révèlent des motifs récurrents que l’on apprend à reconnaitre dans le paysage.

Photo : Mark Ruwedel

Photo : Mark Ruwedel

La série Crossing est peut-être la plus humainement émouvante et montre ce qui subsiste dans le paysage de la traversée de migrants, soit des objets abandonnés, dispersés sur le territoire, parfois inhospitalier, traversé. Les images de Ruwedel témoignent d’une réalité invisible qui n’apparait furtivement que par quelques traces encore présentes.

Photo : Mark Ruwedel

Cette série, qui porte sur l’invisibilité des migrants, fait penser au livre du photographe américain Raymond Meeks intitulé The Inhabitants qui documente les traces laissées par des migrants dans des campements illégaux abandonnés près de Calais en France ainsi qu’au Pays basque, à la frontière avec l’Espagne.

À la toute fin du livre de Ruwedel se trouve une cartographie des liens entre les thèmes principaux et secondaires de ses projets photographiques, répartie sur une ligne du temps :

Liens et informations complémentaires :

Le lien vers le site Web de l’artiste : https://markruwedel.com/

Le lien vers la page de l’éditeur à propos du livre : https://steidl.de/Books/Mark-Ruwedel-1522376154.html

Un lien vers une entrevue avec le photographe, dans son studio : https://www.youtube.com/watch?v=Kv64hL0VaGg&ab_channel=Tate

Les archives de Mark Ruwedel sont consultables à l’Université Stanford. Le catalogue en ligne permet de constater que deux numéros de la revue québécoise Ciel Variable y sont présents, soit le numéro 20 (automne 1992) dans lequel figurait un portfolio de photographies de Ruwedel (https://cielvariable.ca/numeros/ciel-variable-20-ameriques/mark-ruwedel/) et le numéro 43 (été 1998) qui contenait un texte du photographe intitulé Mark Ruwedel, Pictures of Hell, accompagné de photographies de l’Ouest américain (https://cielvariable.ca/en/issues/ciel-variable-43-territory-and-landscape/mark-ruwedel-pictures-of-hell-mark-ruwedel/ ).

Lien vers le catalogue en ligne des Archives de Mark Ruwedel : https://oac.cdlib.org/findaid/ark:/13030/c8f47x2n/.

Je vous invite à me contacter pour partager vos commentaires et des suggestions de liens complémentaires.

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