Route de la belle Etoile, de Daniel Stephen Homer
Photo : Daniel Stephen Homer
Dans la série Les Livres de ma bibliothèque
Le livre Route de la Belle Etoile, du photographe britannique Daniel Stephen Homer, publié chez GOST Books en 2024, propose un corpus photographique portant sur l’univers des astronomes amateurs. Pour produire ces images, le photographe a parcouru quatre continents, sur une période de cinq ans, et a suivi les activités majoritairement nocturnes d’amateurs solitaires et de groupes d’astronomes.
Les images sont en noir et blanc, profondes, souvent très sombres, parfois presque abstraites. On y ressent la patience de l’observation. Les photographies dévoilent des lieux, des équipements et leurs protections, en pleine nature, ou encore des observateurs du ciel devant leurs écrans.
Photo : Daniel Stephen Homer
Photo : Daniel Stephen Homer
Homer a photographié des astronomes amateurs, leurs observatoires et leurs appareils, en Australie, en Belgique, au Canada, en Finlande, en France, en Allemagne, en Inde et au Royaume-Uni. Les installations et les équipements sont de niveaux divers, mais reflètent invariablement la passion de leurs utilisateurs. Le monde de l’astronomie amateur est très structuré et ses membres sont interconnectés et participent souvent à des recherches collectives.
Photo : Daniel Stephen Homer
Photo : Daniel Stephen Homer
Le titre du livre, Route de la Belle Etoile, fait penser au voyage, à la nuit, à l’orientation nocturne, mais sa source est plus triviale. Il s’agit du nom d’un petit chemin menant à la maison de l’un des astronomes amateurs rencontrés par le photographe, en Isère.
Le livre se compose de 51 photographies, d’une liste des images avec une brève description de chacune, ainsi que d’un petit journal de bord qui donne quelques informations sur les observatoires et groupes d’astronomes photographiés.
Photo : Daniel Stephen Homer
En complément, le livre se termine par une surprenante section composée de 14 reproductions de photographies astronomiques sur plaques de verre, datant de 1887 à 1934. Ces images sont extraites de la Henry Draper Memorial collection, intégrée au Harvard College Observatory.
Ces plaques photographiques ont été annotées, mesurées et cataloguées par un groupe de femmes que l’on nommaient « astronomical computers ».
Henry Draper Memorial collection
Les “Computers”. Henry Draper Memorial collection
Henry Draper Memorial collection
Ce rapprochement entre une série de photographies contemporaines, et les résultats d’observations datant de plus d’un siècle, est intrigant. Le livre ne propose aucune explication à cet égard. Seul un très court texte à propos de ce fonds d’archive et du travail de l’équipe des « computers », ainsi qu’une liste des plaques avec les années de prise de vue et leurs coordonnées. Peut-être que l’une des raisons possibles de la présence de ces anciennes plaques sur verre se trouve dans les liens très forts qui se sont tissés entre l’astronomie et la photographie dès la naissance de cette dernière.
Un autre livre de photographie récemment publié porte également sur l’observation des étoiles et les astronomes amateurs. Il s’agit du livre de la photographe belge Bieke Depoorte intitulé Blinked myself awake, publié par Hannibal & This Book Is True en 2024.
Je n’ai pas eu la chance d’acquérir ce livre pour l’instant, mais ses images noir et blanc et la thématique du livre semblent assez proches de celui de Daniel Stephen Homer.
Photo : Bieke Depoorter
LIENS :
Site de l’éditeur : https://gostbooks.com/products/route-de-la-belle-etoile-route-of-the-beautiful-star
Site du photographe : https://www.danielstephenhomer.com/
Site de la collection de plaques de verres de photographies astronomique de l’Université de Harvard : https://platestacks.cfa.harvard.edu/
À propos du livre de Bieke Depoorte, Blinked myself awake : https://www.tipi-bookshop.be/products/blinked-myself-awake-by-bieke-depoorter
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Au fil de l’eau. Yohanne Lamoulère : Les enfants du fleuve - Les Rencontres de la photographie d’Arles, 2023
Photos : Yohanne Lamoulère
La série Les Enfants du fleuve de la photographe marseillaise Yohanne Lamoulère a été présentée aux Rencontres de la photographie d’Arles en 2023. Les images étaient présentées sur des panneaux extérieurs, disséminés dans le Jardin D’été. Cette série a été produite dans le cadre de la Grande commande photojournalisme de la BNF, intitulée Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire.
Vue de l’exposition à Arles en 2023. Photo : Alain Depocas
La photographe a remonté le Rhône en bateau, sur 812km, depuis la Camargue jusqu’au glacier et, au fil de l’eau, durant quelques mois, elle a réalisé des images argentiques des paysages et des gens rencontrés. La genèse du projet n’est pas banale. Après avoir passé une année entière, durant la pandémie, sur une île sauvage située dans le delta du Rhône, où elle a réalisé des portraits d’enfants et de jeunes adultes, elle a eu envie de remonter le fleuve. Pour ce faire, la photographe a construit une embarcation à partir de matériaux de récupération : Anita, c’est le nom du bateau, naît de la rencontre inattendue d’une péniche abandonnée et d’une vieille caravane.
Photos : Yohanne Lamoulère
En observant ces photographies, on ressent bien que la photographe s’est imprégnée de l’environnement et des gens qui borde et vivent à proximité des rives du Rhône. Il faut du temps, de la patience et de l’implication pour arriver à saisir ce niveau d’authenticité. Les Enfants du fleuve, c’est une série de portraits réalistes, mais parfois aussi humoristiques et poétiques. C’est également, et beaucoup, le portrait du fleuve lui-même. Fleuve environnement, fleuve territoire, fleuve chemin maritime et fleuve géographique.
La présentation en plein air, au Jardin d’été à Arles, des photographies de la série Les Enfants du fleuve rehaussait son intérêt en imposant un parcours dans cet espace public qui incitait le visiteur à découvrir une à une les images, plutôt que d’en avoir une vue d’ensemble immédiate. Ce dispositif donnait du temps aux images, et aux liens entre elles. La proximité du Rhône n’était pas anodine et donnait un supplément de sens à la présence de cette série dans ce lieu.
Photo : Yohanne Lamoulère
Photos : Yohanne Lamoulère
Des images de cette série sont présentées sur le site Web de la photographe.
Ce texte s’inscrit dans une réflexion sur mon intérêt pour des projets photographiques ayant pour sujet des cours d’eau, sur lequel portent deux autres textes, que je vous invite à découvrir :
Lucas Leffler : Zilverbeek - Silver Creek, The Eriskay Connection, 2019
Les cours d’eau comme thématique de certains livres photographiques
Virginia Hanusik : Into the Quiet and the Light: Water, Life, and Land Loss in South Louisiana
Voici ma deuxième publication de la série Pourquoi je me passionne pour la photographie.
Après Mark Ruwedel, je vous propose des images de la photographe américaine Virginia Hanusik qui documente depuis plusieurs années l’estuaire du fleuve Mississippi, au sud de la Louisiane.
On y voit un monde fragilisé par les changements climatiques et la pollution, qui laisse entrevoir des situations encore plus dramatiques dans l’avenir.
Photo : Virginia Hanusik
Virginia Hanusik documente le processus immuable de disparition d’un territoire, et de l’adaptation, bien temporaire, de ses habitants face à la montée des eaux.
Les images que je vous propose sont extraites de sa série "Into the Quiet and the Light: Water, Life, and Land Loss in South Louisiana".
La photographe vient d’ailleurs de publier un livre au même titre, édité par la Columbia Universitity Press : https://cup.columbia.edu/book/into-the-quiet-and-the-light/9781941332825
Lien vers le site Web de la photographe : https://www.virginiahanusik.com/
Lien vers un article intéressant à propos du livre : https://aperture.org/editorial/in-louisiana-a-photographer-charts-storms-and-weather-as-markers-of-time/
Enfin, ces images du Bayou louisianais me remettent en mémoire le magnifique film Beasts of the Southern Wild, réalisé par Benh Zeitlin en 2012. Une fable fantastique se déroulant dans un environnement pour le moins humide : https://en.wikipedia.org/wiki/Beasts_of_the_Southern_Wild
Je vous invite à me faire parvenir vos commentaires ou des suggestions de liens complémentaires.
Photo : Virginia Hanusik
Photo : Virginia Hanusik
Photo : Virginia Hanusik
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Mark Ruwedel, Steidl, 2015
Photo : Mark Ruwedel
Dans la série Les Livres de ma bibliothèque
Le livre du photographe Mark Ruwedel intitulé Mark Ruwedel, a été publié par Steidl en 2015 à l’occasion de l’obtention du prix Scotiabank Photography Award. L’approche de Ruwedel du paysage, du territoire, me semble exemplaire. Proche de la sensibilité topographique des premiers photographes de l’Ouest américain du XIXe, mais aussi des inventaires formels à la Becher. Ce livre présente un échantillon des principaux grands projets photographiques de Ruwedel, dont The Italian navigator, The ice age, Westward the course of Empire, Uranium Landscapes, Crossing, et Nine bombs craters.
Ruwedel considère le livre photographique comme étant un mode idéal de présentation de ses photographies, en particulier pour l’importance que l’on peut y accorder aux séries d’images et aux rapprochements, formels ou thématiques, que la maquette permet de faire.
La plupart des séries explorent les paysages de l’Ouest américain selon des trajectoires différentes. Il s’agit d’un travail d’enquête, souvent réparti sur de nombreuses années, avec des approches thématiques rigoureuses. The Italian navigator, Nine bombs craters et Uranium Landscapes s’attardent sur les territoires marqués par les expériences atomiques qui s’y sont déroulées. Westward the course of Empire montre les ruines et les paysages transformés par le développement du chemin de fer au XIXe siècle, desquels il ne reste souvent que des vestiges évanescents, dont le sens ne prend forme que dans l’accumulation d’images que révèlent des motifs récurrents que l’on apprend à reconnaitre dans le paysage.
Photo : Mark Ruwedel
Photo : Mark Ruwedel
La série Crossing est peut-être la plus humainement émouvante et montre ce qui subsiste dans le paysage de la traversée de migrants, soit des objets abandonnés, dispersés sur le territoire, parfois inhospitalier, traversé. Les images de Ruwedel témoignent d’une réalité invisible qui n’apparait furtivement que par quelques traces encore présentes.
Photo : Mark Ruwedel
Cette série, qui porte sur l’invisibilité des migrants, fait penser au livre du photographe américain Raymond Meeks intitulé The Inhabitants qui documente les traces laissées par des migrants dans des campements illégaux abandonnés près de Calais en France ainsi qu’au Pays basque, à la frontière avec l’Espagne.
À la toute fin du livre de Ruwedel se trouve une cartographie des liens entre les thèmes principaux et secondaires de ses projets photographiques, répartie sur une ligne du temps :
Liens et informations complémentaires :
Le lien vers le site Web de l’artiste : https://markruwedel.com/
Le lien vers la page de l’éditeur à propos du livre : https://steidl.de/Books/Mark-Ruwedel-1522376154.html
Un lien vers une entrevue avec le photographe, dans son studio : https://www.youtube.com/watch?v=Kv64hL0VaGg&ab_channel=Tate
Les archives de Mark Ruwedel sont consultables à l’Université Stanford. Le catalogue en ligne permet de constater que deux numéros de la revue québécoise Ciel Variable y sont présents, soit le numéro 20 (automne 1992) dans lequel figurait un portfolio de photographies de Ruwedel (https://cielvariable.ca/numeros/ciel-variable-20-ameriques/mark-ruwedel/) et le numéro 43 (été 1998) qui contenait un texte du photographe intitulé Mark Ruwedel, Pictures of Hell, accompagné de photographies de l’Ouest américain (https://cielvariable.ca/en/issues/ciel-variable-43-territory-and-landscape/mark-ruwedel-pictures-of-hell-mark-ruwedel/ ).
Lien vers le catalogue en ligne des Archives de Mark Ruwedel : https://oac.cdlib.org/findaid/ark:/13030/c8f47x2n/.
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